Camille Catala, le sport comme pilier éducatif
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- Date 14 mars 2023
Camille Catala a fait une belle carrière de sportive de haut niveau, jusqu’en équipe de France de football féminin dont elle a porté le maillot 31 fois, tout en étant professeure des écoles. Cette attaquante décline désormais sa générosité dans l’engagement sur le terrain de l’E2C Fréjus en qualité de formatrice référente.
Bon sang ne saurait mentir ! Ayant grandi dans l’univers familial de l’Éducation Nationale et du sport, Camille Catala a érigé en équilibre ces deux volets essentiels de son existence. Authentique et sincère dans ses investissements de vie, cette jeune femme solaire est dans son élément au sein de l’E2C Fréjus où elle évolue en qualité de formatrice référente depuis mi-2022, en binôme avec Anesse Bouchikhi. « Je crois vraiment en cette deuxième chance. Avec bienveillance, il s’agit d’aider les jeunes à construire leur projet, à développer leurs compétences sur la base d’un référentiel bien pensé, avec un temps de coaching essentiel. Je retrouve ici les valeurs sportives et collectives qui ont jalonné mon parcours. Il y a un état d’esprit, des valeurs partagées en équipe au sein de laquelle je suis fière de m’investir. Comme dans le sport, il s’agit aussi d’apprendre aux jeunes à se battre, à chercher la motivation, à avoir de l’abnégation, de l’autodiscipline. Ils ont besoin d’un feeling, de trouver la confiance en eux-mêmes puis chez les autres. Quand ceci est restauré, ils peuvent s’ouvrir vers l’entreprise et plus généralement la société. C’est une dynamique vertueuse ».
Une passion et un métier
Une belle sagesse, à 31 ans, et déjà une impressionnante tranche de vie accomplie. Quand on part à 16 ans de ses Cévennes de Saint-Jean-du-Gard pour intégrer la section sport étude de Saint-Etienne et tenter sa chance dans le football, cela booste inévitablement la maturité. « Le destin, c’est le caractère », écrivait le poète Allemand du 18e siècle Novalis. Elle montre et forge le sien très tôt. « Le sport est un pilier éducatif dans lequel j’ai grandi en famille, autour du rugby, de la voile, de la course, de l’athlétisme… Le foot est venu très vite, en même temps que j’arrivais au bout de mes découvertes des sports individuels. J’avais tout le temps un ballon aux pieds, gauche ou droit. J’ai découvert les valeurs du collectif et fait un essai à Montpellier sans pouvoir, ou plutôt sans vouloir aller plus loin car le club n’avait pas de filière scientifique. Nous étions en 2005 et l’essentielle des footballeuses en sport étude étaient orientées en bac ES. Pas moi, avoir un métier conjointement à une passion, même de haut niveau, qui n’aura qu’un temps, était primordial ». Elle réussira son pari, à merveille !
Très vite repéré à Saint-Etienne, cette attaquante intègre l’Equipe de France des U17 avec laquelle elle fait la Coupe du Monde, puis gagne le championnat d’Europe avec les 19 ans en 2010 et la Coupe de France avec les Verts l’année suivante. Le foot féminin prend son envol, les filles sont rémunérées par la Fédération et deviennent semi-professionnelles. Parallèlement Camille passe son bac S, poursuit en staps pour devenir prof d’EPS. Sauf qu’elle est frustrée du faible impact sur la scolarité et décide de devenir professeure des écoles. Etudes qu’elle suit à Versailles puisqu’après les Jeux Olympiques de Londres en 2012 où la France échoue au pied du podium, elle signe à Juvisy, grand club de foot féminin à l’époque, et évolue aux côtés de Gaétane Thiney ou Sandrine Soubeyrand, qui comptent parmi les stars chez les footballeuses nationales. Elle y jouera notamment en 2013 une demi-finale de Coupe Ligue des Champions après avoir marqué deux buts en quart de finale. « Même si ma vie tourne de plus en plus autour du foot, titulaire d’un master professeure des écoles, j’enseigne alors à mi-temps à Versailles », explique-t-elle, plaçant plus que jamais son double projet comme un équilibre de vie.
Transfert inattendu
Sa carrière de haut niveau suit son cours en Equipe de France pour laquelle elle est sélectionnée 31 fois et marque 3 buts, comme à Juvisy qui fusionne avec le Paris FC en 2017 et devient pro à 100%. Des blessures à répétition au genou, avec des problèmes de cartilage que la science ne sait pas gérer, déclenchent dès 2018 un compte à rebours qu’elle repousse jusqu’en 2021, en allant plus loin qu’elle le devrait. La volonté toujours, doublée d’une grande générosité dans les efforts et d’un gros cœur à l’ouvrage, y compris pour défendre, même si les conséquences physiques ne sont pas neutres, tout du moins pour continuer à jouer au foot. 303 matchs de D1 et de compétitions internationales plus tard, ponctuées de 115 buts, elle met fin à une carrière « marquée par les émotions avant tout. Inoubliables ! ».
Faisant fi des barèmes de l’Education Nationale ne lui permettant pas d’être mutée dans le Sud comme elle veut, elle trace sa route en esprit libre, s’installe à Fréjus, amoureuse de l’Estérel et proche de ses grands-parents qui habitent à Saint-Aygulf. « Je prends alors 6 mois de pause, pour voyager, voir ma famille longtemps négligée, je coupe avec le football avec le besoin de ralentir, de prendre une respiration, avant de vouloir à nouveau me rendre utile ».
Tentant en vain de demander un transfert d’Académie (déformation sportive…), elle tombe sur le livre blanc d’Edith Cresson sur les E2C, dont elle est l’initiatrice en 1991. Enthousiaste, elle rédige alors une candidature spontanée à l’E2C Fréjus et met la balle au fond dès l’entretien d’embauche. Un rebond professionnel dont l’Ecole se réjouit tant la recrue est entraînante et inspirée.